Le nouveau souverain pontife, Léon XIV, a profité de sa première homélie pour mettre les points sur les « i » et les algorithmes sur la touche. Exit l’image d’un pape geek, Sa Sainteté a clairement désigné la technologie comme une cousine germaine de « l’argent, le succès, le pouvoir et le plaisir » – un club select de péchés capitaux 2.0. Pour Léon XIV, ces « valeurs » modernes détournent les fidèles de la foi, considérée comme « absurde » dans certains milieux technophiles qu’il juge méprisants. Un discours qui sonne comme un avertissement à la Silicon Valley et à ses ambitions divines d’IA omnisciente. Le Vatican semble prêt à engager une croisade contre le « Dieu numérique ».
En plaçant la technologie sur le même banc d’infamie que la luxure et l’avarice, Léon XIV ne fait pas dans la dentelle. Cette charge papale n’est pas qu’une simple sortie médiatique ; elle pourrait signaler un durcissement de la position de l’Église face à une IA perçue comme une rivale spirituelle. Si l’AGI promet de résoudre tous les problèmes, quel rôle reste-t-il à la foi ? La question est posée. Reste à voir si cette posture anti-tech séduira les brebis égarées ou si elle creusera un peu plus le fossé entre le Vatican et un monde de plus en plus numérisé.
Alors, Amen… ou Ramen ?
La startup française Mistral AI, le petit poucet tricolore face aux ogres américains, dégaine « Le Chat Enterprise ». Cet assistant IA, qui lorgne sans complexe sur Copilot de Microsoft, promet de révolutionner le quotidien des professionnels en automatisant les tâches ingrates. Connectable à Gmail, Drive, OneDrive et bientôt à vos propres bases de connaissances, Le Chat Enterprise se veut la solution ultime pour « libérer les professionnels pour effectuer des actions à plus forte valeur ajoutée ». Un discours bien huilé, soutenu par un nouveau modèle de langage, « Medium 3 », annoncé comme aussi performant que ses concurrents mais huit fois moins cher. Cocorico !
Avec Le Chat Enterprise, Mistral AI ne se contente pas de jouer dans la cour des grands ; elle leur lance un pavé dans la mare. L’ambition est claire : offrir une alternative européenne souveraine, privée et personnalisable. Si la promesse de coûts réduits et de performances équivalentes se confirme, la startup pourrait bien grignoter des parts de marché aux géants US. Reste à voir si les entreprises françaises et européennes suivront, ou si elles préféreront, par habitude ou par snobisme, continuer à nourrir les GAFAM. Le Chat est lancé, reste à savoir s’il retombera sur ses pattes.
NVIDIA, le pape des cartes graphiques qui carbure à l’IA, veut mettre ses joujoux à la portée de tous. Fini le temps où seuls les géants du cloud pouvaient s’offrir des modèles d’IA générative. Avec ses NIM (NVIDIA Inference Microservices), la firme de Jensen Huang propose des modules « clés en main » pour déployer des IA en local, sur votre PC ou vos serveurs, sans avoir besoin d’un doctorat en deep learning. Ces « boîtes à outils » préconstruites intègrent modèles dernier cri (LLaMA 3, Stable Diffusion), moteurs d’inférence optimisés et API standardisées. Le but ? Simplifier la vie des développeurs et des créatifs, et accessoirement, vendre encore plus de GPU.
NVIDIA ne se contente plus de fournir la pioche et la pelle de la ruée vers l’IA ; elle vend désormais des plans de mines pré-creusées. En démocratisant l’accès à l’IA locale, la firme espère créer un écosystème où ses puces règnent en maître absolu, du datacenter au PC de bureau. Les NIM et les « Blueprints » (applications IA prêtes à l’emploi) sont une tentative astucieuse de rendre les entreprises dépendantes de l’architecture NVIDIA. Si l’IA devient aussi simple à déployer qu’un plugin WordPress, qui se souciera encore de la concurrence ? Le risque : un monopole vert et noir sur l’intelligence de demain.
OpenAI, le trublion en chef de l’IA, nous refait le coup de la virginité retrouvée. Après avoir flirté avec le côté obscur de la force lucrative, voilà que la maison mère de ChatGPT se drape dans les habits vertueux de la « Public Benefit Corporation » (PBC). En clair, une entreprise à mission, un peu comme Patagonia, mais avec moins de polaire et plus de pétaflops. Sam Altman, le PDG revenu d’entre les limogés, nous jure ses grands dieux que c’est pour « assurer que l’IA profite à tous ». Un discours qui sonne aussi creux qu’une promesse électorale, surtout quand on sait que la branche à but non lucratif garde le contrôle de la machine à cash.
Ce changement de statut ressemble à une opération de communication bien huilée pour redorer un blason terni par les luttes intestines et les accusations de course effrénée au profit. En devenant une PBC, OpenAI s’offre un vernis éthique à peu de frais, tout en continuant à viser la domination mondiale. La « liberté intellectuelle » prônée par Altman et l’allègement des directives d’utilisation sentent le désir de ratisser large, quitte à laisser quelques brebis galeuses s’ébattre dans le pré numérique. L’IA « démocratique » contre l’IA « autoritaire » ? Un beau slogan, sauf que, qui surveillera les surveillants ?
Mark Zuckerberg, l’éternel adolescent de la Silicon Valley, a une nouvelle lubie : la « machine ultime de résultats commerciaux ». Traduction : une IA qui pondrait des pubs à la chaîne, sans que les annonceurs n’aient plus qu’à fournir leur numéro de carte bleue et leurs objectifs de vente. Fini le casse-tête de la création, l’algorithme s’occupe de tout, jusqu’à générer 4 000 versions d’une même annonce pour trouver celle qui vous fera craquer. Meta promet même de décourager le ciblage démographique, préférant laisser ses IA flairer les « prospects prometteurs ». Big Brother is watching your wallet.
Si l’idée de confier sa stratégie publicitaire à une IA peut séduire les petites entreprises en mal de budget créatif, elle risque de transformer nos réseaux sociaux en un gigantesque panneau publicitaire automatisé. Déjà inondés de contenus générés par IA, nos fils d’actualité pourraient devenir le théâtre d’un matraquage publicitaire sans précédent, où l’utilisateur n’est plus qu’une data à monétiser. Quant aux créatifs, leur avenir s’assombrit un peu plus. Mais Zuckerberg s’en moque : son « objectif d’automatisation du secteur publicitaire » semble inébranlable, quitte à transformer Facebook et Instagram en prospectus interactifs.
L’IA s’invite au musée et joue les experts d’art. Cette fois, c’est « La Vierge à la rose », un célèbre tableau attribué à Raphaël et exposé au Prado, qui passe sous le scalpel numérique. Résultat ? L’algorithme, entraîné à reconnaître le style du maître avec une fiabilité de 98%, a des doutes. Si les minois de la Vierge, de Jésus et de Saint Jean-Baptiste semblent bien de la main de Raphaël, celui de Saint Joseph, lui, ferait tache. L’IA suggère qu’une autre main, possiblement celle de son élève Giulio Romano, aurait barbouillé ce coin de la toile. De quoi relancer les vieux débats d’historiens et donner des sueurs froides aux conservateurs.
Si l’idée de démasquer les faussaires ou de réattribuer des œuvres grâce à un algorithme a de quoi séduire, elle soulève aussi quelques questions. L’IA, aussi pointue soit-elle, peut-elle vraiment remplacer l’œil et l’intuition d’un expert humain, nourri d’années d’études et de comparaisons ? Et que fait-on de la part de « génie » qui échappe à toute modélisation ? Bientôt, les musées devront peut-être ajouter une nouvelle étiquette : « Raphaël (et 15% de Giulio Romano, selon notre IA certifiée ISO 9001) ». L’art à l’ère de la data, c’est un peu comme remplacer une dégustation de vin par une analyse chromatographique : précis, mais moins poétique.
La BBC, en panne d’inspiration ou en pleine crise de nécrophilie digitale, a décidé de ressusciter Agatha Christie. Pas pour une séance de spiritisme, non, mais pour animer un cours d’écriture via une IA. Le projet, mené avec la bénédiction (monnayée ?) de la succession, utilise des lettres privées et des interviews pour recréer la voix et la « pensée » de la reine du crime. Une actrice prête son corps, ensuite « augmenté » numériquement pour un résultat qui, selon les premières images, manque cruellement d’âme. On se demande pourquoi chercher une interprète si c’est pour la transformer en marionnette pixélisée.
Faire parler les morts, surtout pour leur faire dire des choses qu’ils n’ont jamais prononcées, pose un léger souci éthique. L’argument du « consentement familial » tient aussi bien la route qu’un château de cartes en plein ouragan. Ce n’est pas un hommage, c’est une exploitation post-mortem qui flirte avec le mauvais goût. Après le documentaire sur Anthony Bourdain et ses fausses répliques, l’industrie culturelle continue de creuser. Bientôt, on aura droit à un album posthume de Mozart composé par une IA, ou à une nouvelle saison de « Friends » avec des avatars sans âme. Le futur créatif s’annonce radieux… ou juste glauque.
Qu’est-ce que c’est ?
VideoSummarizerAI, c’est la dernière trouvaille pour ceux qui ont la flemme de regarder des vidéos YouTube en entier – c’est-à-dire à peu près tout le monde. Plus précisément, il s’agit d’un GPT personnalisé hébergé sur la plateforme de papa OpenAI, qui promet de vous mâcher le travail en transformant des heures de blabla en résumés concis. Le tout, en plusieurs langues, s’il vous plaît.
Pourquoi on en parle ?
Parce que l’idée de ne plus jamais avoir à subir un tutoriel de 45 minutes pour apprendre à changer une ampoule est séduisante. Et parce que, soyons honnêtes, si une IA peut nous éviter de perdre notre temps précieux devant des « unboxing » interminables ou des conférences soporifiques, on signe où ? Avec plus d’un million de « chats » créés, l’outil semble avoir trouvé son public de procrastinateurs efficaces.
Pour qui ?
Pour les étudiants qui préfèrent lire un résumé de leur cours magistral filmé plutôt que de le visionner en vitesse x2. Pour les professionnels qui veulent capter l’essence d’une présentation sans y passer leur pause déjeuner. Et pour tous les curieux qui ont une capacité d’attention inversement proportionnelle à la durée des vidéos.
Comment ça marche ?
Vous balancez un lien YouTube à ce GPT, et il se charge de vous en extraire les points clés. Il existe une version gratuite, accessible sans même avoir besoin de vendre son âme à OpenAI avec un compte. Pour les plus gourmands, un plan « Pro » propose un « Summarization Booster » capable de digérer des vidéos allant jusqu’à 1h30-2h d’un coup, avec 150 heures de ce traitement de faveur incluses. De quoi résumer l’intégrale de « Plus Belle La Vie » en une après-midi. On plaisante, ne faites jamais ça…