Edition #16

On pourrait croire que les entreprises Suisses ont franchi un cap: plus de la moitié déclarent désormais déployer l’IA à grande échelle. Pourtant, la fusée ne décolle pas vraiment dans la bonne direction. Seules 35 % l’intègrent réellement au cœur de leur stratégie, preuve que l’on sait propulser la technologie sans toujours savoir où la faire atterrir. Les usages se concentrent encore sur le marketing et la relation client, tandis que les fonctions support commencent timidement à sortir du bois.

Le vrai frein n’est pas technique, mais organisationnel. Gouvernance fragmentée, compétences mal alignées, acculturation hésitante : c’est moins un problème d’algorithmes qu’un casse-tête de coordination. la confusion entre IA générative, modèles “classiques” et agents autonomes n’arrange rien: les entreprises avancent, mais sans boussole.

Autour, l’écosystème s’agite pour donner le rythme. Bruxelles veut accélérer avec Apply AI et AI in Science, plus de compute, des hubs, un institut virtuel pour coordonner talents et données, encore faut-il transformer les promesses en réalisations mesurables. Genève trace un cadre clair, objectifs d’intérêt général, supervision humaine, registre public, pas de biométrie, une gouvernance qui met la table avant de servir le plat. Pendant ce temps, les Jeux de LA s’annoncent en mode plateforme, personnalisation et opérations dopées à l’IA, efficacité espérée, dépendances à surveiller.

En entreprise, l’agent devient collègue plus que gadget, Microsoft pousse un travail assité par agent qui planifie et exécute, mais la précision impose la relecture. Certains l’ont appris à leurs dépens, rapport bâclé, crédibilité écornée. OpenAI teste un assistant qui se réveille avant vous pour résumer votre monde, utile, à encadrer. La recette gagnante tient en trois verbes, spécialiser, brancher, mesurer, et un quatrième, vérifier.