Edition #15

Il y a, dans l’actualité technologique, un petit miracle qui passe souvent inaperçu : malgré la déferlante, malgré les agents qui codent, les IA qui sculptent des scènes de film à la voix, les modèles financiers qui raisonnent mieux que nous, il reste encore – tenace, vibrant – ce réflexe humain : vouloir comprendre, vouloir ouvrir, vouloir transmettre.
À contre-courant des silos géants et des IA fermées, une poignée d’initiatives européennes et open-source émergent. Le LLM suisse, entraîné sur “Alps”, n’est pas juste un exploit technique : c’est une déclaration d’intention. Une manière de dire que la puissance ne doit pas forcément rimer avec opacité, que l’innovation peut s’enraciner dans la coopération, pas uniquement dans le marché.
Oui, l’IA remplace. Oui, elle standardise, accélère, fracture. Mais elle révèle aussi. Nos angles morts. Nos faiblesses structurelles. Notre besoin d’outils qui nous respectent. Derrière les robots de bureau, les Claude financiers, les Bedrock d’AWS, on entrevoit un autre récit possible : celui d’une technologie choisie, orientée, contextualisée.
Rien n’est joué. Ce n’est pas parce que les géants avancent plus vite qu’ils vont forcément plus loin. Il y a dans les marges – dans ces Reachy Mini, ces IA publiques, ces expérimentations humaines – les prémices d’une alternative. Une IA qui ne se contente pas de prédire ou de remplacer, mais qui accompagne, complète, renforce.
Et si c’était ça, le futur désirable ? Une intelligence collective, augmentée par des outils qu’on comprend, qu’on corrige, qu’on peut démonter et améliorer. Une IA qui ne fait pas écran entre nous et le monde, mais qui nous aide à mieux l’habiter.